Aller au contenu

Odilon Redon. Sa biographie et son œuvre

Odilon Redon est né Bertrand Jean Redon dans une famille prospère de Bordeaux. Son surnom est une dérivation du prénom de sa mère, Odile, qui était une créole française de Louisiane

En raison d’une mauvaise santé, peut-être due à l’épilepsie, Redon est confié aux soins de son oncle et grandit à Peyrelebade, dans le Médoc, sur le domaine viticole de la famille

Son enfance a été solitaire, et il décrit des journées passées à « regarder passer les nuages, suivant avec un plaisir infini l’éclat magique de leurs variations fugaces« . Cependant, Redon s’est également caractérisé comme un« enfant triste et faible », qui « cherchait l’ombre ». Il se souvient : « Je me souviens avoir ressenti une joie profonde et inhabituelle à me cacher sous les grands rideaux et dans les coins sombres de la maison ». Cette note de mélancolie et de pessimisme trouvera son expression dans son art de la maturité, en particulier dans ses mystères noirs et symbolistes.

Finalement, Redon est retourné dans sa famille à Bordeaux, où il a été scolarisé pour la première fois à l’âge de 11 ans. Après avoir gagné un prix de dessin, ses parents le font étudier avec Stanislas Gorin en 1855. Gorin a exercé une profonde influence sur l’artiste en herbe, comme le rappelle Redon :« Ses premiers mots… ont été pour me conseiller d’être moi-même, et de ne jamais faire une seule marque avec un crayon si mon sentiment et ma raison n’y étaient pas »

Gorin, aquarelliste expert, présente à Redon des artistes romantiques tels qu’Eugène Delacroix et Francisco Goya, dont il est encouragé à copier les œuvres. Il a également initié le jeune artiste à l’art de ses contemporains, tels que Jean-Baptiste-Camille Corot et Gustave Moreau.

Le père de Redon le pousse à étudier l’architecture plutôt que l’art, mais en 1857, il échoue aux examens d’entrée pour les études d’architecture à l’École des Beaux-Arts. À Paris, Redon rencontre le botaniste Armand Clavaud, qui lui fait découvrir les théories scientifiques de Charles Darwin, les œuvres littéraires de Charles Baudelaire, Gustave Flaubert et Edgar Allan Poe, ainsi que les textes sacrés de l’hindouisme et du bouddhisme

Roland à Roncevaux

Redon continue à peindre des aquarelles dans le style de Gorin et, en 1862, il réalise sa première œuvre majeure, Roland à Roncevaux, qui dépeint le héros romantique des croisades dans un style qui rappelle celui de Delacroix. En 1864, Redon entre dans l’atelier du célèbre peintre académique Jean-Léon Gérôme, une expérience éducative que Redon qualifie de « torturée » en raison de l’importance excessive accordée par Gérôme à la représentation mimétique.

En 1865, à la recherche d’un environnement plus propice, Redon retourne heureusement dans sa maison familiale de Bordeaux et se lance dans la sculpture. C’est alors que Redon rencontre Rodolphe Bresdin, un artiste pauvre mais totalement original et excentrique, dont la combinaison de représentations très détaillées du monde naturel et de sujets visionnaires aura une profonde influence sur le jeune artiste. En effet, Bresdin est devenu un mentor pour Redon, lui apprenant à réaliser des gravures et des eaux-fortes, et l’encourageant à puiser dans le monde de l’esprit et du mystère vers lequel Redon était déjà attiré.

Cuadro de Odilon Redon de una calavera sobre un caballo en color blanco y negro.
Dibujo en blanco y negro de una criatura extraña con forma de pez y cabeza humana.

Les années 1870 sont une période de profonds changements dans la vie et la pratique artistique de Redon. En 1870, il est appelé sous les drapeaux pour participer à la guerre franco-prussienne, qui se termine par l’humiliante défaite de la France et de la Commune un an plus tard

Cette expérience a interrompu sa vie et son travail d’artiste, aggravant sa tendance naturelle à la mélancolie. Mais en même temps, les événements tumultueux de 1870-71 ont conduit à une percée artistique. De retour à Paris, il commence à travailler sur ce qu’il appelle ses noirs : des dessins monochromes au fusain qui exploitent la richesse inhérente du support

Extraño dibujo de Odilon Redon de una mujer acompañada de extrañas criaturas flotantes
Dibujo en blanco y negros perteneciente a los Noirs de Odilon Redon.

L’extraordinaire gamme de tons, de textures et d’ombres que Redon réalise dans ces œuvres est extraordinaire, comparable seulement aux dessins au crayon de Georges Seurat de la même période. Le noir est devenu pour Redon le support idéal pour exprimer son imagination. Comme le disait Redon : « Le noir doit être respecté. Rien ne la prostitue. Il ne plaît pas à l’œil et n’éveille pas la sensualité. Elle est l’agent de l’esprit bien plus que la splendide couleur de la palette ou du prisme« .

En 1872, Redon rencontre Henri Fantin-Latour, de qui il apprend la méthode de transfert de la lithographie. Lorsque son père est mort sans le sou en 1874, Redon s’est tourné vers la lithographie pour gagner sa vie, car ces impressions pouvaient être produites et vendues en quantités relativement importantes, ce qui lui permettait de commercialiser ses œuvres auprès d’un public plus large. Comme il le décrit lui-même :« J’avais auparavant essayé, en vain, d’exposer dans les Salons officiels avec les nombreux dessins que j’avais déjà réalisés… C’est pourquoi j’ai fait mes premières lithographies (en 1878) pour multiplier mes dessins« .

En 1876, il rencontre le poète et critique d’art Stéphane Mallarmé, et participe à des réunions régulières chez Mallarmé, où il rencontre de nombreux écrivains et artistes de son cercle symboliste. À la fin des années 1870, Redon commence à recevoir l’attention de la critique avec la parution de son Esprit gardien des eaux (1878). En 1879, il réalise sa première série lithographique, In Sleep.

Vous pouvez voir ici quelques-unes des illustrations appartenant à cette collection de lithographies.

Germinación de Odilon Redon
Ilustración de Odilon Redon perteneciente a su obra En el sueño.
Escena felina dibujada por Redon.
El jugador, dibujo perteneciente a En el sueño.

En 1880, il épouse Camille Falte, une créole comme sa mère, et déclare :« Je crois que le « oui » que j’ai prononcé le jour de notre union était l’expression de la certitude la plus complète et la plus pure que j’aie jamais éprouvée. Une certitude plus complète encore que ma vocation« . Cependant, le bonheur de leur mariage est assombri par la perte du premier enfant du couple, qui meurt six mois plus tard. Cette tragédie a plongé Redon dans une profonde dépression qu’il a décrite poétiquement comme une« pâmoison mélancolique« .

Limbo, de Odilon Redon
El gnomo, un dibujo de Odilon Redon de su obra En el sueño.
Couverture du livre « À Edgar Poe »
Ilustración del libro A Edgar Poe realizada por Odilon Redon.
Illustration intérieure du livre « À Edgar Poe », par Redon

Durant cette période, Redon travaille principalement sur des lithographies, créant plusieurs portfolios conçus comme des accompagnements d’œuvres littéraires. Par exemple, To Edgar Poe est paru en 1882 (les poèmes de Poe avaient été traduits en français dix ans plus tôt par Mallarmé), et La tentation de Saint Antoine, inspiré du roman de Flaubert, en 1896

La tentación de San Antonio dibujada por Odilon Redon.
La tentation de saint Antoine

Aux Salons de Mallarmé, Redon rencontre le critique et romancier Joris-Karl Huysmans, qui devient un grand admirateur de l’artiste. Le roman décadent de Huysmans, Contra natura (1884), raconte l’histoire du dandy Des Esseintes, qui se cache de la société dans son hôtel particulier de la banlieue parisienne. Parmi sa collection d’art figurent plusieurs œuvres de Redon, dont des dessins au fusain. Ce roman a contribué à rendre Redon célèbre

À la même époque, Redon se lie d’amitié avec Paul Gauguin, qui comprend clairement l’art visionnaire de son ami :« Je ne vois pas pourquoi on dit qu’Odilon Redon peint des monstres. Ce sont des êtres imaginaires. C‘est un rêveur, un esprit imaginatif« .

Redon a exposé avec les impressionnistes lors de leur dernière exposition collective en 1886. Ses œuvres ont marqué les changements dans l’art moderne, de l’impressionnisme au symbolisme, et de l’observation des effets fugaces de la nature à la préoccupation pour la subjectivité et la vision intérieure.

Ses dernières années : la période colorée

Dans les années 1890, l’œuvre de Redon subit un changement radical, puisqu’il commence à travailler principalement au pastel, utilisant enfin la couleur après des années de travail uniquement en noir

Certains spécialistes ont attribué ce changement à un éveil religieux, comme en témoigne l’intérêt croissant de l’artiste pour des thèmes tirés du bouddhisme ou du christianisme, mais nombre de ses lithographies en noir et blanc étaient également consacrées à des thèmes religieux

Voici deux de ses représentations du Bouddha

Buda pintado por Odilon Redon en color perteneciente a su última época.
Representación de Buda realizada por Odilon Redon.

Quel que soit le support, la principale préoccupation de Redon était l’expérience subjective de la spiritualité, plutôt que l’illustration de textes liturgiques. La couleur est devenue simplement un autre moyen d’explorer des domaines au-delà du visible, en l’utilisant à des fins expressives plutôt que mimétiques. D’autres chercheurs ont attribué l’adoption de la couleur par Redon à son bonheur personnel, puisque son deuxième fils, Ari, est né en 1889

En 1913, l’artiste a réfléchi à son passage à la couleur en déclarant : « Si l’art d’un artiste est le chant de sa vie, une mélodie solennelle ou triste, je dois avoir fait résonner la tonalité de la joie dans la couleur. »

Oannes y la esfinge, un cuadro pintado por Odilon Redon.
Oannes et le Sphinx
El centauro y el dragón´de Odilon Redon
Le Centaure et le Dragon

Dans les années 1890, l’amitié continue de Redon avec Gauguin le met en contact avec les jeunes artistes nabis. Maurice Denis voyait en Redon l’exemple d’un artiste confirmé qui utilisait également les outils formels de son art pour exprimer un sentiment personnel, ou ce qu’il appelait« l’état d’âme de l’artiste« . Redon a également appris des jeunes peintres et a commencé à adopter leur japonisme, leur utilisation expressive de la couleur et l’accent mis sur la décoration

De nombreux nabis, tels qu’Édouard Vuillard et Pierre Bonnard, ont créé des projets décoratifs à grande échelle, tels que des paravents et des peintures murales, et Redon s’y est également adonné vers la fin de sa carrière, notamment dans ses peintures murales pour le château du baron Robert de Domecy et l’abbaye de Fontfroide.

Àpartir de 1900, Redon se concentre sur les portraits, dont beaucoup sont commandés, ainsi que sur les sujets mythologiques et littéraires, les natures mortes florales et les travaux décoratifs mentionnés ci-dessus. Tout ce qu’il fait à partir de ce moment-là est totalement inondé de couleurs vives, affichant ce que l’artiste surréaliste du 20e siècle André Masson appellera le« chromatisme lyrique« .

La renommée de Redon s’est accrue vers la fin de sa vie ; en 1903, le gouvernement français lui a décerné la Légion d‘honneur. En 1913, l’éditeur André Mellerio a publié un catalogue raisonné de ses gravures ; la même année, il a été inclus dans le célèbre Armory Show de New York, exposant plus d’œuvres que tout autre artiste de l’exposition. Redon est mort en 1916, peut-être précipité par l’anxiété et la peur de son fils, qui servait comme soldat sur le front de la Première Guerre mondiale.

Posibles inspiraciones de monstruos de Odilon Redon.

La grande influence de Redon se divise en deux catégories correspondant aux deux principaux fils conducteurs de son œuvre : ses peintures et pastels tardifs extraordinairement vifs et colorés, et ses premiers noirs. Pour les Nabis, c’est l’utilisation libre et expressive de la couleur par Redon qui a eu le plus grand impact

Maurice Denis a attribué à Redon l’évolution spirituelle de son propre art, tandis que Pierre Bonnard a dit de Redon :« Toute notre génération est tombée sous son charme et a reçu ses conseils. Henri Matisse a reconnu plus tard l’influence des pastels de Redon sur sa propre palette de couleurs fauves.

Mais l’impact des noirs de Redon sur l’art moderne est peut-être encore plus profond, car c’est dans ces noirs que l’on trouve la plus grande originalité et la plus grande inventivité. Les surréalistes ont été particulièrement attirés par la qualité onirique de ces fusains et lithographies, et André Breton, leur chef de file de fait, était un grand admirateur. Un élément fondamental de l’influence de Redon est la suggestivité de son art : au lieu de décrire les choses pour nous, le spectateur participe activement à l’interprétation de l’œuvre

L’inventeur du readymade, Marcel Duchamp, a déclaré :« Si je devais dire quel a été mon point de départ, je dirais que c’est l’art d’Odilon Redon. L’influence de Redon s’étend même au-delà des arts visuels, notamment sur l’œuvre du compositeur Toru Takemitsu

En analysant l’œuvre d’Odilon Redon, nous avons remarqué qu’il existe certaines similitudes entre certaines des créatures dessinées par Redon et les personnages du film Monsters Inc. de Disney Pixar

Voici une brève description de certaines des œuvres les plus connues d’Odilon Redon, issues de ses différentes périodes artistiques

Le gardien des eaux

El guardián de las aguas, una misteriosa e inquietante obra de Odilon Redon pintada en color negro.

Une grande tête soutenue par des ailes flotte au-dessus d’une mer calme, regardant un petit voilier avec des yeux très expressifs. Les mouettes volent dans les airs, effleurant la surface de l’eau qui s’étend vers l’horizon lointain

Un halo délicat entoure la tête, conférant à l’étrange créature une aura bienveillante et divine malgré ses traits brutaux. Avec sa représentation réaliste d’images oniriques, The Guardian Spirit of the Waters anticipe le surréalisme du XXe siècle.

Lorsque le père de l’artiste, Bernard Redon, était un jeune homme, il a voyagé de la France à la Louisiane pour tenter de retrouver l’héritage perdu de la famille. Il y a rencontré la mère de Redon et l’a épousée. À son retour en France, Odile est enceinte d’Odilon, qui naît à Bordeaux. L’artiste a souvent regretté de ne pas être né en mer,« un lieu sans patrie dans un abîme« , ce qui aurait peut-être mieux correspondu aux origines de sa sensibilité visionnaire.

Ce dessin est typique des noirs de Redon, dans lesquels il manipule le fusain pour obtenir une riche gamme de tons et de textures. L’artiste a utilisé le balayage, le trait, l’incision et les touches de craie sur du papier traité de couleur crème, laissant souvent briller les zones non touchées de la feuille pour les mettre en valeur.

L’homme cactus

El Hombre Cactus, una mezcla de hombre y planta creado por el artista Odilon Redon.

La tête d’un homme émerge d’une plante en pot et son cou s’élève comme la tige d’une étrange plante hybride. Dedélicates épines recouvrent sa peau et sa tête, lui donnant une apparence de cactus et évoquant en même temps la couronne d’épines du Christ ou d’autres martyrs similaires. Avec de grands yeux ternes, un nez plat et des lèvres larges, la tête a une expression à la fois observatrice et indifférente

Le vase est décoré de l’image d’une amazone tuant un homme, une référence au mythe grec des femmes guerrières, dont la combinaison des traits féminins et masculins fait écho à la combinaison des formes humaines et végétales dans le dessin.

Ce dessin est peut-être lié à une exposition que Redon a vue à Paris en 1881 et qui présentait les habitants de la Terre de Feu. Les indigènes sud-américains exposés, que Redon a décrits comme« hautains, cruels et grotesques« , ont eu un impact profond et complexe sur l’artiste : d’une part, il a admiré la pureté et la simplicité des peuples dits« primitifs« , et d’autre part, il a reconnu en eux la redoutable barbarie des origines de l’homme

Émergeant d’un pot carré – symbole de la culture occidentale et de la retenue – l’hybride homme-plante de Redon peut être compris comme une tentative de réconcilier les deux pôles de l’existence humaine, nature et culture, sauvage et civilisé.

L’oeil, comme un étrange globe, se déplace vers l’infini

El ojo, como un globo extraño, se mueve hacia el infinito es una de las obras más conocidas del pintor Odilon Redon. Es un ojo en forma de globo aerostático.

Un globe oculaire a été transformé en un étrange globe terrestre, dont le regard est dirigé vers le ciel alors qu’il s’élève au-dessus de l’horizon. Au lieu d’un panier avec des passagers, le globe transporte une tête coupée sur un plateau, comme celle de Saint Jean Baptiste dans l’histoire biblique de Salomé. En bas à gauche se trouvent les frondes d’une plante ressemblant à un palmier, et le ciel est rempli de nuages denses.

Les têtes coupées apparaissent très fréquemment dans l’art et la littérature symbolistes, que ce soit dans les histoires de Salomé ou dans des images plus mystérieuses comme celle-ci

La tête ou le globe oculaire dissocié du corps physique est un symbole de la libération des contraintes de la vie quotidienne et de l’atteinte d’un plan de conscience supérieur. Comme l’écrit l’universitaire et conservatrice Jodi Hauptman, « flottant « dans l’infini », libérés des limites du corps et de l’esprit, les yeux de Redon sont libres de voir véritablement, au-delà de la réalité, de la nature, du visible ».

Cette œuvre a été incluse dans le portefeuille de six lithographies de Redon, A Edgar Poe, et est l’image la plus célèbre de la série. Les gravures n’étaient pas destinées à illustrer les poèmes de Poe, mais à servir de« correspondances« , pour reprendre l’expression de Redon.

La poésie de Mallarmé et d’autres symbolistes, qui considéraient la suggestion plutôt que la description comme le but suprême de l’art, se caractérise par une approche évocatrice similaire. De plus, le globe oculaire géant de la gravure préfigure l’extrême gros plan du globe oculaire tranché dans le film surréaliste Un Chien Andalou de Luis Buñuel.

L’araignée souriante

La araña sonriente, un inquietante dibujo a carboncillo de Odilon Redon.

Une étrange araignée souriante à dix pattes est le sujet de la lithographie de Redon. Le corps rond et poilu de l’araignée a un visage humain, avec un nez retroussé et une large bouche souriante laissant apparaître une rangée de petites dents

La créature se penche légèrement sur le côté sur ses pattes grêles, comme si elle venait de descendre du plafond sur un fil de soie. Le quadrillage du sol donne une impression d’espace tridimensionnel, mais le réalisme du décor ne fait que renforcer l’effet saisissant du sujet (qui a déjà vu une telle araignée sur le carrelage de sa cuisine ?)

La araña llorando inspiró la araña sonriente, uno de los dibujos más reconocidos de Redon.

Redon s’est inspiré d’un dessin antérieur au fusain,« L’araignée qui pleure« , mais le support lithographique (utilisant de l’encre grasse ou un crayon appliqué directement sur une pierre lisse) convenait également à l’exploration de la couleur noire par l’artiste.

Redon est fasciné par les sciences naturelles et, encouragé par son ami, le botaniste Armand Clavaud, il étudie l’anatomie, l’ostéologie et la vie microscopique. Il fréquente également le Musée d’histoire naturelle de Paris, qui présente des expositions d’anomalies biologiques, et assiste à des conférences à l’École de médecine. En effet, nombre de ses « monstres » étaient basés sur l’observation, mais étaient transformés par l’imagination de l’artiste

C’est la reconnaissance de notre humanité dans ces étranges créatures hybrides – le sourire carnassier d’une araignée poilue – qui les rend si attirantes et répulsives à la fois.

Les yeux fermés

Ojos cerrados, una de las obras a color más conocidas del pintor y artista Odilon Redon.

Cette peinture représente un personnage aux yeux fermés, aux épaules nues et au casque serré de cheveux noirs, semblant surgir de la mer. Le motif des yeux fermés a séduit Redon, pour qui ce symbole évoque le mystère, le sommeil, la méditation et la vie intérieure. En même temps, les yeux fermés peuvent également évoquer la mort, qui, pour les symbolistes, représentait la fuite ultime du monde réel et des limites terrestres de la vie consciente.

Les yeux fermés marque un tournant dans la carrière de Redon, qui commence à adopter la couleur pour la première fois dans son art. En fait, Redon a basé le tableau sur un dessin au fusain antérieur du même sujet. Dans ce cas, cependant, la palette est plutôt subtile.

Redon a utilisé de fins coups de pinceau de peinture à l’huile pour donner un effet translucide et éthéré, tandis que les tons pâles et la composition de trois quarts évoquent les portraits en marbre de la Renaissance italienne.

Les yeux fermés est devenu une sorte d’icône symboliste (c’est la première œuvre de Redon à être acquise par un grand musée français, en 1904), et représente probablement la femme de Redon, Camille Falte. Cependant, il faut reconnaître l’ambiguïté du genre du personnage, qui est un signe supplémentaire de la distanciation par rapport au monde matériel représenté.

L’androgyne était un sujet populaire pour les symbolistes en raison de son association avec le monde spirituel et de sa nature intrinsèquement hybride ( les images de saint Jean de Léonard le représentent souvent sous une forme résolument féminine, par exemple). Enfin, l’espace éthéré qui l’entoure contribue au sentiment d’infini, et l’effet global de l’œuvre est celui d’un calme serein.

La Baronne de Domecy

Uno de los múltiples retratos que Odilon Redon hizo de la esposa de su amigo El Barón Domecy.
Retrato de la baronesa de Domecy, la esposa de uno de los amigos del artista Odilon Redon.

Il s’agit de l’un des nombreux portraits que Redon a peints de l’épouse de son ami et mécène, le baron de Domecy. Dans ce cas, il la représente sur un fond floral abstrait

Le visage et la tête de la femme sont dessinés de manière précise et réaliste, avec de délicats traits de graphite pour définir ses traits. Le fond de papier beige remplace sa peau, et ses tons sourds correspondent à son expression sérieuse et renfermée, comme si elle était perdue dans ses pensées

Contrastant avec son visage monochrome, le chemisier rouge de la baronne suggère une âme plus passionnée que son comportement réservé ne pourrait l’indiquer. De même, la profusion de motifs floraux – qui semblent plus décoratifs que réels – confère à la scène un aspect onirique, symbolisant peut-être sa vie intérieure animée.

Bouquet de fleurs

El bouquet de flores es uno de los bodegones o naturaleza muerta más conocidos y populares de Odilon Redon.

Lesnombreuses natures mortes florales que Redon a créées vers la fin de sa carrière comptent parmi ses œuvres les plus populaires et les plus reconnaissables, et ont été largement reproduites. Ici, une variété de fleurs aux couleurs vives, délicatement dessinées au pastel, s’épanouissent à partir d’un vase bleu décoratif, qui a été placé sur un fond abstrait de tons rouille, ocre, violet et rose

Bouquet de anemonas, uno de los bodegones pintados por Redon.
Bouquet d’anémones, autre nature morte d’Odilon Redon

Le vase, qui est également décoré d’un motif floral, semble flotter dans l’espace, plutôt que de reposer sur une surface évidente. Plusieurs petits papillons volent autour du bouquet.

Les natures mortes au pastel de Redon semblent familières, mais elles évoquent en même temps les images exacerbées de la mémoire eidétique ou photographique. Redon a décrit ses fleurs comme étant « au confluent de deux rives, celle de la représentation et celle de la mémoire »

En effet, les couleurs vives et le cadre indéterminé contribuent à placer le bouquet dans le domaine de la vision intérieure. Plus qu’un simple élément de décoration domestique, les fleurs semblent être une apparition, un produit merveilleux d’une imagination fiévreuse.

Jour et nuit

En 1910, Redon accepte de décorer la bibliothèque de la propriété de son ami et mécène, Gustave Fayet, un artiste qui avait acheté l’abbaye médiévale en 1908 avec l’intention de la restaurer. Disposant d’une liberté totale dans le projet, Redon a créé deux grands panneaux, Jour et Nuit, pour les deux murs, et un panneau plus petit au-dessus de la porte

El Día, junto con la noche, fueron pintados por Redon para decorar una biblioteca.

Day, qui représente quatre chevaux en hommage aux décorations de plafond de Delacroix pour le Louvre (galerie d’Apollon) dans un décor de tons dorés et de fleurs, exprime la joie que Redon associait à la couleur. Dans les panneaux, Redon revient sur son propre travail, le jour évoquant sa période de couleur et la nuit ses « noirs ».

Dans Nuit, plusieurs personnages occupent un paysage, avec des arbres sombres dont la silhouette se détache d’une lumière dorée sous un ciel bleu foncé, des têtes ailées flottantes et une profusion de plantes et de fleurs et de papillons voltigeant. Madeline Fayet, l’épouse de Gustave, et sa fille Simone sont représentées comme deux femmes voilées

El día y la noche es un gran mural pintado por Odilon Redon.

À droite de l’arbre se trouvent les profils de Gustave Fayet, de ses fils Léon et Antoine, et de Camille Redon. Plusieurs musiciens apparaissent également, dont Robert Schumann, le compositeur Déodat de Séverac et le pianiste Ricardo Viñes.

En incluant des musiciens, Redon rend hommage à l’influence de la musique sur son propretravail. Violoniste qui se produisait parfois en public, Redon disait que« la musique est un art nocturne, l’art du sommeil« . La nuit est elle-même un rêve, et la représentation des personnages dans des couleurs plus sombres suggère qu’ils habitent le monde nocturne du sommeil et de la rêverie

Le site papillons comme l’a dit Redon, devaient être des créatures de lumière sortant de la« chrysalide des ténèbres« . Alors que Redon reconnaît son noir dans les figures ombragées, la lumière dorée qui les entoure atténue l’obscurité, de sorte que la scène évoque une sorte de paradis paisible et imaginatif.

Le Cyclope

El cíclope es una de las obras de Odilon Redon pintada con colores pasteles y perteneciente a su última etapa artística.

Polyphème, le monstre borgne mythique de l’Odyssée d’Homère, se profile du haut d’une colline rocheuse tandis que la nymphe captive Galatée dort dans sa grotte, entourée de fleurs.

Redon a souvent représenté des scènes de la mythologie classique dans ses derniers pastels et peintures, et devait être familier avec la version d’Ovide de l’histoire de Polyphème. Dans son tableau, comme dans le poème, le Cyclope tombe amoureux de la nymphe de la mer. Cependant, il connaissait également les œuvres acclamées de Gustave Moreau qui dépeignaient l’histoire de manière tragique dans les années 1880.

Redon semble opposer les éléments auxquels appartiennent les deux figures, le Cyclope surgissant de la terre dure et rocheuse, et la nymphe se berçant dans la grotte marine et sa flore abondante et féminine. Avec son grand œil doux et expressif évoquant la« tête rêveuse » du symbolisme, Polyphème n’est pas le monstre mangeur d’hommes de l’Odyssée d’Homère, mais une créature douce, voire fantasque.

Contrairement à Moreau, Redon ne traite pas le sujet de manière tragique et ne représente pas un désir frustré. Le corps de Galatée recroquevillé sur le côté, son visage endormi partiellement caché par son bras tendu, suggère l’intimité, une orientation vers le monde intérieur des rêves. Et, au lieu de contempler la nymphe nue dans son sommeil, Polyphème penche la tête et regarde le spectateur d’un air presque inquisiteur

Le résultat est que le spectateur, dont le regard est d’abord attiré par la forme de la nymphe, a conscience d’être observé par un géant qui garde doucement cette vision intérieure.

D’un point de vue stylistique, ce tableau peut être considéré comme une synthèse de l’œuvre de Redon jusqu’à ce moment de sa carrière, car il associe son intérêt précoce pour la peinture à l’huile à la palette de couleurs de sa période pastel, ainsi qu’à une image de« monstre » qui aurait pu être tirée d’un de ses films noirs.

Antoni A

Antoni A

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *